À la Une: apaiser d’urgence !
C’est le titre de l’éditorial de La Croix ce matin. Un titre en forme d’appel à la raison : « Comme c’était hélas prévisible, le rassemblement autour des méga-bassines a dégénéré, pointe le quotidien catholique. Un opposant se trouvait hier entre la vie et la mort, les blessés se comptent par dizaines dans les rangs des manifestants comme des gendarmes. À ce stade, les postures accusatoires ne sont d’aucune utilité. L’urgence est à l’apaisement, s’exclame donc La Croix. Dans les Deux-Sèvres – comme dans les cortèges contre la réforme des retraites –, il n’est pas tolérable que la colère déborde en violences ; il n’est pas acceptable non plus que des forces de l’ordre dérapent physiquement ou verbalement. Le pire serait de s’enliser dans un antagonisme stérile où chacun se renvoie la responsabilité de l’escalade. »
Les forces de l’ordre en accusation…
Justement, Libération pointe un doigt accusateur sur les forces de l’ordre : « Depuis le 49.3, les preuves d’un maintien de l’ordre brutal se multiplient : mutilations, menaces, coups… (…) Certes, on voit revenir dans les manifestations, y compris à Sainte-Soline, des black block déterminés à causer un maximum de dégâts, mais les forces de maintien de l’ordre n’ont-elles pas été précisément formées pour y faire face ? », se demande Libération. « Le spectacle que nous ont donné à voir les gendarmes mobiles dans les Deux-Sèvres, samedi, était lamentable, estime le journal : des hommes se prenant pour des cow-boys, un quad en guise de cheval fonçant sur la foule, armés de lance-grenades et de LBD. Et que dire de ces BRAV-M qui ont terrorisé les manifestants la semaine dernière, brigades mobiles exerçant en duo sur une moto, armées de matraques ou pire, se prenant pour des Robocop et n’hésitant pas à tabasser et humilier ? La fin ne justifie pas tous les moyens, estime encore Libération : il serait temps que le ministre de l’Intérieur en prenne conscience et le fasse savoir à ses troupes. »
Les ultras d’extrême-gauche en accusation…
Non, rétorque Le Figaro, les responsables, ce sont ces « hordes de voyous d’extrême gauche venus de toute l’Europe, entraînés comme des milices paramilitaires, armés jusqu’aux dents, qui ont déferlé sur la France. Chacun devant son téléviseur a pu assister, médusé, au saccage de plusieurs centres-villes, puis à une attaque d’une violence ahurissante contre les forces de l’ordre à Sainte-Soline. Dans n’importe quelle démocratie digne de ce nom, ces images choquantes susciteraient une indignation unanime, s’exclame Le Figaro. Un sursaut général pour condamner l’indéfendable. Chez nous, dans une gauche à la dérive, il se trouve des responsables politiques pour justifier, quand ce n’est pas encourager, le chaos. Et quelques médias à l’indignation sélective pour oser renvoyer barbares et gendarmes français dos à dos. »
Et demain ?
En tout cas, pour nombre de journaux, ce climat de violence est de plus préoccupant.
« Il y a de quoi s’inquiéter, soupire Sud-Ouest. À Paris, on n’a pas encore assisté à l’invasion et au saccage des lieux de pouvoir comme à Washington ou Brasilia. Mais demain ? (…) Il est plus que temps de stopper cette dérive. (…) Rien ne s’arrangera sans une prise de conscience générale que notre démocratie, abîmée par les anathèmes, les caricatures, le refus de se parler, la mauvaise foi, le déni de réalité, la victimisation, est réellement en danger. »
« Menaces, insultes, vandalismes, coups de pression : l’insécurité gagne du terrain, s’alarme également Le Parisien. Le malaise aussi. À la veille d’une dixième grande journée de manifestations un peu partout dans le pays, on atteint en France un niveau de tension et de ressentiment rarement connus. Bien malin celui qui, aujourd’hui, est capable de dessiner une sortie de crise. »
« L’entendra-t-il ? »
« Quelle issue pour sortir des confrontations ? », s’interroge en écho Ouest-France en première page. Les appels au dialogue se multiplient. Pour sa part, pointe Le Monde, « dans ce climat de tensions et de violences, Emmanuel Macron cherche à amadouer les syndicats. Élisabeth Borne promet de ne plus recourir au 49.3, sauf pour les textes financiers. Mais le retrait de la réforme des retraites n’est pas envisagé. (…) Des proches du chef de l’État s’évertuent à le convaincre, croit savoir Le Monde : mettre de l’eau dans son vin quand le pays s’embrase ne serait pas aveu de faiblesse. » Mais « l’entendra-t-il ? »