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  • Daniel Ona Ondo: «Une bonne gestion de nos devises peut nous dispenser de la garantie du Trésor français»
    Les six pays de la zone CFA d'Afrique centrale sont désormais capables de se dispenser de la garantie du Trésor français et de rapatrier toutes leurs réserves de change, comme l'ont fait récemment les huit pays de la zone CFA d'Afrique de l'Ouest. C'est ce qu'affirme le Gabonais Ona Ondo Daniel, qui préside depuis plus de cinq ans la commission de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale). À la veille du sommet des six chefs d'États de la CEMAC, jeudi 16 mars à Yaoundé, l'ancien Premier ministre répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ona Ondo Daniel, l’une des priorités de la Cemac, c’est de favoriser l’intégration économique entre vos six pays. De ce point de vue, quel est votre bilan ? Ona Ondo Daniel : Je crois que, dans la tradition de ma tribu, on ne fait jamais le bilan parce qu’on ne se glorifie pas. Mais qu’à cela ne tienne, la première réussite que nous avons, c’est la libre circulation des personnes et des biens. Vous savez qu’on disait qu’il y avait une réticence des pays à faire un passeport biométrique Cemac. Je peux vous dire qu’aujourd’hui les six pays ont des passeports biométriques Cemac. Nous avons ensuite essayé de relancer le programme économique et régional, ce qui a été fait. La bourse des valeurs a été modifiée. Vous savez, il y avait une bourse des valeurs à Libreville, et une à Douala. Aujourd’hui, les bourses sont unifiées. Donc je pense que ce sont des actions qui vont dans le cadre de l’intégration. La libre circulation est importante. C’est vrai que ce n’est pas le nirvana de circuler en Afrique centrale. Le commerce interafricain en Afrique centrale est encore faible – moins de 5% –, mais on a fait des efforts pour faire en sorte que la libre circulation soit effective dans les principaux corridors de notre région. Oui, mais que répondez-vous à ceux qui disent que rien n’a été fait sur le plan de l’interconnexion routière entre vos six pays ? Des efforts sont faits. Vous savez, Paris ne s’est pas fait en un jour. Il ne peut en être autrement pour l’Afrique centrale. Les infrastructures routières, dans le portefeuille des projets intégrateurs que nous avons faits à Paris, il y a des corridors qui ont eu des financements importants. Le corridor entre Yaoundé et N’Djamena et d’autres corridors entre le Cameroun et Brazzaville, un corridor entre Libreville et Brazzaville. Donc, on est en train de construire une intégration sous-régionale. On ne peut pas faire des routes en un claquement de doigts. Ce sont des choses qui se font avec du temps. Et l’interconnexion électrique entre vos six pays, ça ne marche pas encore… On est en train de faire l’interconnexion électrique. Vous savez, nous avons eu des financements importants de la Banque mondiale pour interconnecter le Cameroun et le Tchad. Et au niveau de l’Afrique centrale, entre le Gabon et la Guinée équatoriale, nous avons travaillé avec le pôle énergétique d’Afrique centrale, qui est l’interconnexion entre la Guinée équatoriale et le Gabon, entre Mongomo et Oyem, entre Ebebiyín et Bitam, et entre Akurenam et Médouneu. À l’heure actuelle, la monnaie commune de la Cemac, c’est le franc CFA. À la différence de la sous-région d’Afrique de l’Ouest, l’Uemoa, il y a toujours des réserves de change de francs CFA auprès de la Banque de France. Quand est-ce que vous allez réformer votre franc pour que ces réserves soient rapatriées dans la sous-région ? Les chefs d’État ont donné mandat à la commission de la Cemac et à la Banque des États d’Afrique centrale, donc au gouverneur, de faire des propositions sur les réformes de la coopération entre la France et les pays d’Afrique centrale. Nous avons fait des propositions qui ont été présentées aux chefs d’État, et à la prochaine conférence des chefs d’État, ceux-ci vont encore examiner ces propositions. Mais pour l’heure, le compte d’opérations effectivement est toujours au niveau du Trésor français. Mais, à terme, je crois que c’est parmi les points de réforme qui sont envisagés. Battre la monnaie est un problème de souveraineté, je crois qu’à terme, nous allons disposer de nos réserves comme nous le souhaitons. Est-ce que votre organisation monétaire est assez solide pour pouvoir rapatrier toutes les réserves de change dans la sous-région, et pouvoir vous passer de la Banque de France ?  Vous savez, c’est une bonne question. Il y a des pays qui sont plus petits qui ont une monnaie. Donc, je vous dis, battre la monnaie, c’est un problème de souveraineté, c’est à nous d’en décider. Si nous disons que nous voulons avoir nos réserves de change et nous passer de la Banque de France, on peut le faire. Mais il y a une chose que je veux vous dire : le compte d’opérations, c’est quoi ? C’est une garantie de la France. Cette garantie, d’après les économistes, n’a pas beaucoup joué. Donc, cela garantit que, si jamais le compte d’opérations est débiteur, la France nous donne la possibilité de pouvoir importer. Mais dans le cas d’espèce, cette garantie n’a pas beaucoup joué. Donc je pense que, si nous faisons une bonne gestion de nos devises, nous pouvons effectivement assumer cette responsabilité. C’est d’autant plus vrai qu’en Afrique de l’Ouest, ils gèrent leur devise et, à ma connaissance, il n’y a pas eu de problèmes jusqu’à présent. Depuis un an, la Centrafrique a adopté une nouvelle monnaie, le bitcoin, qui est une cryptomonnaie. Or, dans vos statuts, il est prévu que le franc CFA est la monnaie unique pour tous les États membres de la Cemac. Est-ce que la cohabitation est possible entre le bitcoin et le franc CFA ? Je peux vous dire une chose : ce dossier est inscrit à l’ordre du jour de la conférence des chefs d’État. C’est vrai que le problème de battre la monnaie, c’est un problème de souveraineté. La République centrafricaine, c’est un pays souverain. La République centrafricaine a décidé d’adopter la cryptomonnaie, c’est son droit le plus absolu. Mais la République centrafricaine fait partie d’une zone monétaire. Donc il est évident que les chefs d’État vont voir à ce que la seule monnaie qui a cours légal et pouvoir libératoire sur les six pays, c’est le franc CFA. Il appartient à un moment donné que la situation soit éclaircie au niveau des chefs d’État. Nous attendons la décision des chefs d’État. Mais n’est-ce pas un problème tout de même, monsieur le président, qu’un des six pays ne respecte pas les règles communes ? Jusqu’à présent, cela n’a posé aucun problème. Et je crois qu’aujourd’hui, le franc CFA continue de circuler à Bangui. Je reviens de Bangui et je n’ai pas vu de cryptomonnaie en circulation à Bangui. Le président actuel de la conférence des chefs d’État de la Cemac, c’est le Camerounais Paul Biya. Selon la règle et selon l’ordre alphabétique, après le Cameroun vient la Centrafrique. Est-ce à dire que le prochain président de la conférence des chefs d’État de la Cemac, ce sera le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra ? C’est un problème qui sera débattu au niveau des chefs d’État. Je ne pense pas que ça pose problème que le président Touadéra soit le prochain président de la conférence des chefs d’État.
    3/16/2023
    10:35
  • Gabon: «Je vis un traumatisme qui ne dit pas son nom», raconte un rescapé de l'«Esther Miracle»
    Au Gabon, le président Ali Bongo a décrété le 13 mars 2023 un deuil national de trois jours. Décision prise quatre jours après le naufrage du navire Esther Miracle. Tous les drapeaux seront mis en berne. Les activités festives et sportives sont suspendues. Le ferry reliait Libreville à Port-Gentil, lorsqu'il a sombré dans la nuit du 8 au 9 mars. 124 personnes ont été secourues. Mais le dernier bilan s'élève à 6 morts et 31 disparus. Des moyens importants sont toujours déployés pour tenter de retrouver ceux qui manquent à l'appel. Ce drame a choqué le Gabon. Une catastrophe racontée en détail par l'un des survivants du naufrage. Jean-Jacques Mendome Ayang est l'un des responsables de l'Académie Club de Libreville. Il devait se rendre avec son équipe de football à Port-Gentil. Il raconte le naufrage à Sébastien Németh.   RFI : Comment a commencé le naufrage de l’Esther Miracle ? Jean-Jacques Mendome Ayang : Autour de 3h30, le gendarme qui était à bord du bateau, qui servait de commandant de bord, il vient nous dire que le bateau a quelques soucis, donc nous sommes obligés d'aller doucement pour relier Port-Gentil. On a dit « bon y a, pas de souci », quelques temps après le monsieur est revenu pour nous annoncer que parmi les deux moteurs qui font tourner le bateau, il y a un qui s'est arrêté donc il est impossible d'avancer, c'est mieux de repartir sur Libreville. C’est à partir de ce moment que tout le monde était quand même inquiet. Quelque 5 ou 10 minutes plus tard, bon il y a une hôtesse qui est arrivé nous dire : « Bon, écoutez, on va vous montrer comment il faut porter des gilets de sauvetage. » C'est à ce moment-là qu'on a senti qu’il se passait quelque chose. Tout le monde s'est agité et le bateau allait d'un côté déjà. Là, c'était du sauve-qui-peut. J'avais une porte devant moi, je n'ai pas eu la force de la casser. On a soulevé les rideaux qu'on met autour du bateau, là, on s’est rendu compte qu’il y avait des baies vitrées, je suis sorti par là, et puis j’ai vu tout le mouvement que le bateau était en train de faire, il coulait vraiment à pas de tortue, ça penchait de plus en plus. En moi, il y avait quelque chose qui me disait de ne pas paniquer, il fallait affronter le danger. C’est juste après que le bateau s'est complètement renversé, le bas du bateau s'est retrouvé à la surface de l'eau. Dans quelles conditions avez-vous survécu une fois sorti du bateau ? Il y avait une vieille roue qui était attachée là, donc je m’étais accroché à cette vieille roue là, jusqu’à ce que le bateau s'est complètement renversé, il a laissé quand même une partie en surface, c’est sur cette partie-là que nous sommes allés. Nous sommes restés là à sept parce qu’il fallait sauver celui qui se noyait. On avait le président de notre équipe qui se noyait vraiment, il s’est beaucoup battu, parce qu’il a pris beaucoup de coups dans l'eau, mais il a tenu parce que nous lui avons demandé de tenir. Il était en train de crier « au secours ! ». Nous lui avons dit que nous étions là et qu'il fallait qu'il tienne. Et au moment où il était près de nous, on l'a tenu par les deux bras et il est venu sur le bas du bateau. Donc vous êtes restés comme cela en fait, sur la partie du bateau encore en surface ? Oui, il avait déjà coulé, mais il s’est avisé qu’en se stabilisant il a laissé une partie en surface. Le gendarme nous a dit qu’il fallait qu’on parte de là parce que le bateau va aller en profondeur, donc le manager de notre équipe a sauté, le gendarme aussi a plongé, mais moi j'ai dit à ceux qui sont restés avec moi de ne pas s'agiter et qu'il fallait qu'on reste là, qu’on trouve seulement un moyen pour que les gens nous viennent en aide. Et tout ça s'est passé dans le noir. Comment ça se passait pour les dizaines d'autres passagers qui étaient à bord ? Je ne saurais vous le dire avec exactitude parce que nous étions dans la nuit. Chacun cherchait à se sauver. La seule image que je retiens c’est que, effectivement, l'équipe du bateau, le commandant de bord et ces gens, ils ont balancé les bouées, les bouées de sauvetage. Et puis, les plus rapides, ils sont montés dans les bouées de sauvetage, donc je n'entendais que les cris des gens, je ne voyais que les eaux bouger. À ce moment-là, il y avait la panique dans l'air donc je ne peux pas décrire cette scène-là. Comment avez-vous été secouru finalement ? Les secours ont pu nous atteindre à travers mon téléphone. Pendant que le bateau coulait, moi, je communiquais avec mes parents, ils n'en revenaient pas, je leur disais effectivement : « Je vous appelle et le bateau est en train de couler. » Il y a un sac qui trainait, en surface là, on a ouvert le sac et a retrouvé les fumigènes. Donc on a balancé les fumigènes en pleine mer, on a balancé pour signaler qu'il y avait des gens qui étaient en détresse puis nous sommes restés là. Et les secours ont fini par arriver ? Quand je vous parlais de mon téléphone tout à l’heure, le président de notre club a usé de son carnet d'adresse, il a appelé ses connaissances pour dire qu'on était en détresse, qu'il fallait que les gens viennent. Juste après que deux navettes sont arrivées, deux navettes blanches, ça va ils nous ont rassurés, que de toute façon ils ont été alertés, ils sont venus pour nous chercher. Ils nous ont demandé de ne pas paniquer et de monter directement dans les navettes. Et comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Je suis en train de vivre un traumatisme qui ne dit pas son nom parce que je dois toujours rester au contact des gens. Si je ne parle pas et que je pense à ce scénario-là tout de suite je commence à trembler et je commence à pleurer. Il y a des amis qui viennent à la maison, les amis et connaissances, ma femme est là, mes enfants sont là, et je fais tout pour être avec eux. On bavarde ou je prends un petit verre de gauche à droite. Donc, il faut vraiment que je sois actif, il faut que je sois là où il y a le mouvement pour oublier cette situation-là. Alors, il y a une polémique sur l'efficacité des secours. Qu'en pensez-vous ? Les secours ont été bien coordonnés. Déjà que ça se passait dans la nuit. C’est un accident. C’est quelque chose d'imprévisible, donc je ne vais pas dire que dans les cinq minutes qui suivaient il fallait que les gens soient là. Ce qui a été mis en place pour nous sauver, ça a suivi, parce que on a prêt de 150 survivants. J'estime que le sauvetage a été bien coordonné. Le gouvernement a demandé un audit de tous les navires de transport de passagers. Ça vous semble important ? Oui, je fais d’abord confiance au gouvernement de mon pays et nous, les passagers, nous ne pouvons demander qu'à nos gouvernants d'être un peu plus rigoureux sur ce genre de navire mais je sais qu’ils s’attèlent à le faire. Voilà, c’est un accident qui est arrivé, un accident c'est un événement imprévisible. Moi je pense, pour eux, ils en sont conscients, ils font leur travail. Votre équipe, votre entourage, tout le monde a survécu ? Nous étions à 17 joueurs plus quatre dirigeants, donc nous sommes tous sortis sains et saufs, on ne cherche personne. Ça doit être un soulagement, j'imagine ? Le soulagement est mitigé parce que même, ceux qui sont partis, si je ne les connaissais pas ce sont des Gabonais comme moi, ils sont des humains comme moi. Donc, je compatis à cette situation. Nous, nous en sommes sortis sains et saufs, j'aurais bien voulu que ça soit le cas pour tout le monde. ► À lire aussi : Gabon: au Port-Môle, la tristesse se mêle à la colère après le naufrage mortel
    3/14/2023
    5:01
  • Tchad: «Il faut avoir moins de France mais mieux de France», affirme Albert Pahimi Padacké
    « En Afrique, il faut à la fois moins de France et mieux de France », affirme l’ancien Premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké, qui publie aux éditions L’Harmattan L’Afrique empoisonnée. Nommé au lendemain de la mort brutale du président Idriss Déby, en avril 2021, Albert Pahimi Padacké avait réussi à tenir 18 mois à ce poste difficile. Cinq mois après son départ de la primature, il prend ses distances avec le régime tchadien de transition et affirme que, lors des manifestations du 20 octobre dernier, la réaction des forces de l’ordre a été disproportionnée. De passage à Paris, le président du parti RNDT–Le Réveil répond à RFI. RFI : Albert Pahimi Padacké, au Tchad, 128 morts à l’issue de la répression sanglante des manifestations du 20 octobre, selon la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). Comment a-t-on pu en arriver là ? Albert Pahimi Padacké : Il s’est trouvé que, le 20 octobre, des organisations ont projeté une marche. Dans cette marche, on a vu des jeunes armés de lance-pierres et parfois d’armes blanches, s’attaquant à des biens privés et publics parfois. En retour, on a vu une réaction des forces de l’ordre qui a amené un nombre important de morts et de blessés, ce qui, bien évidemment, n’épouse pas la proportionnalité requise en matière de maintien de l’ordre. Voulez-vous dire que la réaction des forces de l’ordre n’a pas été appropriée ? De mon point de vue, non. Et le nombre qui a été annoncé récemment par la CNDH… La Commission nationale des droits de l’homme… Par la Commission nationale des droits de l’homme, le nombre de 128 morts, c’est quand même un nombre énorme. Suite à cet événement tragique, que faut-il faire ? Dans un premier temps, il y a eu une commission internationale qui a été annoncée par le gouvernement. Nous attendons le résultat de la commission d’enquête internationale. Dans tous les cas, il faut que le gouvernement prenne les mesures idoines pour que les sanctions soient appliquées afin que cela ne se reproduise pas dans notre pays. Mais a-t-on jamais vu des responsables des forces de l’ordre sanctionnés au Tchad ? Mais les choses commencent toujours quelque part. Nous ne pouvons pas continuer avec l’impunité quand il s’agit de pertes en vies humaines. Beaucoup d’Africains reprochent à Emmanuel Macron de ne pas être cohérent, c’est-à-dire de condamner les coups d’État militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, et de valider le coup de force constitutionnel qui a eu lieu après la mort du président Idriss Déby en avril 2021. Est-ce que vous êtes d’accord avec cette opinion ?  Non. Je ne suis pas d’accord avec cette opinion, parce que, s’il y a eu, il est vrai, un changement non constitutionnel au Tchad, il est aussi vrai qu’il n’y a pas eu un coup d’État. Un coup d’État suppose une planification, une action d’un groupe d’hommes et de femmes pour renverser un pouvoir en place. Le maréchal Idriss Déby est mort face à une rébellion armée et ce n’est pas son armée qui a fait le coup d’État, même si, par la suite, le président de l’Assemblée nationale, qui constitutionnellement était intérimaire, a renoncé à ce droit constitutionnel et que l’armée s’est assumée pour éviter la déstabilisation du pays. C’est un changement non constitutionnel, mais ce n’est pas un coup d’État. La présence française en Afrique est fragilisée depuis deux ans par les décisions successives du Mali et du Burkina Faso de chasser les soldats français de leur territoire. Moyennant une présence moins visible, Emmanuel Macron souhaite que les militaires français puissent rester dans certains pays africains, dont le vôtre. Qu’en pensez-vous ? D’abord, il faut que les Africains et les Occidentaux comprennent que nous avons un défi commun : la lutte contre le terrorisme. Ce qu’il faut faire, de mon point de vue, ce n’est pas d’avoir à chasser l’armée française de nos pays. Il faut avoir moins de France, mais mieux de France. Ce n’est pas seulement une relation militaire. Il faut que les relations entre la France et les Africains quittent les labyrinthes des compromis entre dirigeants. Il faut prendre en compte les aspirations des peuples et notamment de la jeunesse, qui ne souhaite plus avoir le même type de coopération où un chef d’État africain, en problème avec sa jeunesse, est chaque matin sur le perron de l’Élysée avec le président français, bras dessus bras dessous. Une partie de la jeunesse africaine est séduite par la Russie. Est-ce qu’après la Centrafrique et le Mali, les soldats russes et les miliciens russes de Wagner peuvent s’installer demain au Burkina Faso ou dans votre pays, le  Tchad ? L’indépendance de l’Afrique ne consistera pas à baisser le drapeau d’une ancienne puissance et à hisser à la place le drapeau d’une nouvelle puissance. Il faut hisser les drapeaux africains. Wagner, c’est une milice privée qu’il faut payer. Est-ce que l’Afrique a les moyens aujourd’hui de s’autoriser les frais d’un mercenariat ? Nous avons besoin d’avoir une coopération militaire sérieuse avec des États, et non de traiter avec des mercenaires. Et de ce point de vue, vous, en tant qu’ancien Premier ministre tchadien, vous préférez ce partenariat avec quel pays du Nord ? D’abord, il n’y a pas de chasse gardée. [Avec la France], nous partageons la langue. Aujourd’hui, nous sommes en train de parler en français, cela crée un atout. Et donc, comme dans tout vieux couple, il y a des malentendus avec la France. Il faut les adresser de façon très claire, s’asseoir et redéfinir des nouvelles règles de coopération pour aller de l’avant. Et je trouve que la France a un atout préférentiel, compte tenu de l’histoire, compte tenu de la culture, compte tenu de la langue. Mais il faut que maintenant la France revienne vers les populations africaines et ne se contente pas des amitiés entre individus au sommet des États. Moins de France, mieux de France.
    3/13/2023
    19:58
  • Georgiana Viou, nouvelle cheffe étoilée au «Michelin»: «Je suis contre les étiquettes»
    Notre invitée ce dimanche nous entraîne au restaurant ! Native de Cotonou, Georgiana Viou avait deux passions lorsqu’elle est arrivée en France il y a une vingtaine d’années : les langues étrangères et la cuisine. Au final, ce sont les saveurs qui l’ont emporté. Après avoir travaillé dans de grands restaurants, la cheffe du « Rouge », établissement basé à Nîmes dans le sud de la France, vient de décrocher sa première étoile au Guide Michelin. Et c’est aussi la première fois qu’une cheffe originaire du Bénin décroche cette distinction. Cuisine des quatre coins du monde, engagement dans le travail, partage : Georgiana Viou est au micro de Guillaume Thibault.
    3/12/2023
    5:41
  • Achille Mbembe: «Les cosmogonies africaines peuvent inspirer la quête d’un monde habitable»
    Comment faire en sorte que les êtres humains puissent continuer à habiter ensemble la planète ? C'est cette question -cruciale - qui est au cœur du dernier livre du penseur Achille Mbembe. L'ouvrage, qui est intitulé La communauté terrestre, se penche sur les limites des modèles suivis jusqu'ici... Il soutient notamment que l'histoire africaine et les traditions du continent peuvent aider le monde à trouver un autre chemin. Achille Mbembe est notre invité ce 10 mars 2023.   RFI : L’une des idées qui traverse votre nouvel ouvrage, la Communauté terrestre, c’est que l’habitabilité de notre planète se dégrade à grande vitesse, et qu’elle se dégrade en grande partie en raison de notre incapacité à vivre ensemble. D’abord, entre humains, mais aussi en lien avec les animaux et les végétaux… Achille Mbembe : Tout à fait. Ce qui est en jeu, au fond, c’est de savoir si oui ou non la vie sur Terre va durer. On en est là. Il n’y a pas très longtemps, la grande question qui a occupé l’humanité était de savoir comment nait la vie, dans quelles conditions elle évolue. Aujourd’hui, il s’agit de savoir comment elle se termine et s’il est possible de la prolonger, en recourant à quelles ressources intellectuelles, culturelles… Et donc c’est un peu de cette question que traite le livre. Vous critiquez dans cet ouvrage ce que vous appelez la théologie de la nécrose qui pousse, selon vous, au repli, à l’enfermement. Qu’est-ce que cette théologie de la nécrose ? Et qui sont ceux qui la défendent ? On voit, puisque nous sommes en Europe, ce qu’il se passe entre la Russie et l’Ukraine. Voilà deux pays embarqués dans une guerre d’allure existentielle, une guerre qui au fond pourrait être nucléaire. Et donc, c’est cette danse macabre autour de l’abysse que j’appelle la théologie de la nécrose. Le constat que vous faites dans cet ouvrage, Achille Mbembe, est sombre mais il n’est pas complètement pessimiste. Il y a également des choses qui peuvent être faites, des pistes d’actions que vous suggérez. Vous écrivez, par exemple, dans votre ouvrage, que le principe de la race, qui a été le plus grand obstacle au projet d’habitation commune de la Terre depuis le XVIIe siècle, que ce principe peut être combattu. De quelle manière peut-on, selon vous, dépasser cette racialisation du monde ? Revenons aux questions fondamentales, à commencer par : qu’est-ce qui nous est commun ? On s’est focalisés sur la question de savoir : qu’est-ce qui nous sépare ? Tout nous pousse à revenir à la question de savoir : qu’est-ce qui nous est commun ? C’est qui mon semblable ? Comment est-ce que nous allons réparer ce monde ? On a le sentiment, à vous lire, que cet ouvrage, la Communauté terrestre, prolonge une des réflexions importantes de votre œuvre, ce que vous appelez le « devenir nègre du monde », le fait que ce que les populations africaines ont connu au cours de la traite négrière a constitué comme une sorte de matrice de la violence que vit l’ensemble de la planète sous la forme actuelle du capitalisme. Est-ce que c’est le cas ? Est-ce que vous diriez que pour habiter pleinement la planète il faut que nous procédions à une déconstruction profonde de ce qu’ont été la traite esclavagiste et la colonisation ? Ce qui s’est joué, notamment au moment de la traite des esclaves, c’est la tentative de transformation de l’humain en objet, en marchandise, sous la poussée d’une forme de raison qu’on pourrait appeler la raison « calculante », celle qui quantifie tout, celle qui pense effectivement que les quantités passent avant les qualités. Cette raison a conduit à l’écocide, c’est-à-dire au génocide du vivant. Et la question, c’est de savoir comment sortir de ce paradigme contre les forces de destruction. L’un des points essentiels de votre ouvrage c’est donc cet appel à repenser une relation avec l’ensemble du vivant, et vous nous expliquez que les cosmogonies africaines offrent des récits qui peuvent aider à penser l’avenir du monde. Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple de cela ? Dans le livre, j’évoque en particulier les cosmogonies dogons, les cosmogonies bambaras également, la manière dont dans ces cosmogonies, la Terre est imaginée. D’où vient-elle ? Quelles en sont les origines ? Qu’est-ce que c’est que la vie ? Comment est-ce qu’au fond, ce qui nous rassemble, c’est la façon dont circule en chacun de nous des flux vitaux et la façon dont on met en réseau ces flux, non seulement entre les humains, mais entre les humains et les objets, les objets et les plantes, les plantes et les animaux, les animaux et les rivières. Et donc c’est cette espèce de symbiose qui, au fond, permet à la vie de perdurer et de résister aux forces de dessiccations. Voilà, je crois, le contenu de certaines de ces cosmogonies, et ces cosmogonies peuvent effectivement inspirer de nos jours la quête ici et là d’un monde habitable parce qu’ouvert à tous. ► Et le livre d'Achille Mbembe, La communauté terrestre, est publié par les éditions La Découverte.
    3/10/2023
    7:33

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