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  • Karim Khan, un «homme de loi» contre Poutine
    Procureur de la Cour pénale internationale depuis février 2021, Karim Khan a fait les grands titres de la presse internationale en décidant de lancer un mandat d’arrêt pour crimes de guerre contre Vladimir Poutine. À 52 ans, il est un juriste réputé pour son efficacité et son inflexibilité. Ancien avocat, il s’est illustré dans la défense des victimes de crimes contre l’humanité, mais aussi de ceux qui en furent accusés, comme Charles Taylor ou Saïd Kadhafi.  C’est une annonce qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Nous sommes le vendredi 17 mars, et Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), lance un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie. Une politique décidée et validée officiellement par Vladimir Poutine et qui constitue un crime de guerre aux yeux du procureur de la CPI. C’est la première fois que le dirigeant d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU est inculpé par la justice internationale. Conséquence immédiate : le président russe est susceptible d’être arrêté par l’un des 123 pays membres du Statut de Rome, qui a fondé la CPI. Né en Écosse, fils d’un dermatologue pakistanais et d’une infirmière britannique, Karim Khan a voué toute sa carrière à la justice internationale. Il a d’abord travaillé pour le procureur du Tribunal pour l’ex-Yougoslavie, puis pour celui du Rwanda…. Mais il a également été avocat – toujours devant les cours internationales. Un avocat pugnace, travailleur, et diablement efficace, comme nous l’a confié de Kiev l’un de ses confrères, Me Johann Soufi. « Je me souviens du procès en 2015 de Karma Khayat, une journaliste alors défendue par Karim Khan devant le Tribunal international pour le Liban », raconte l’avocat, membre de l’organisation GRC qui soutient le ministère public ukrainien dans ses enquêtes pour crimes de guerre. « Elle était accusée d’avoir révélé l’identité de témoins protégés dans l’affaire contre des membres du Hezbollah. C’était un dossier difficile parce qu’il y avait eu une émission de télévision, et donc la preuve était là, tangible…. Et il a obtenu un acquittement grâce à ses talents d’avocat et de stratège. Le contre-interrogatoire qu’il a mené du témoin expert du procureur, honnêtement, c’était peut-être le meilleur que j’ai vu de toute ma carrière. » De sulfureux clients Ces qualités d’avocat, Karim Khan les a mises au service des victimes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité – mais aussi parfois de ceux qui en furent accusés. Parmi les plus sulfureux de ses clients : l’ancien président du Liberia Charles Taylor, Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du dictateur libyen ou encore William Ruto, le vice-président kényan accusé pour les violences post-électorales de 2007, et pour lequel il obtient un non-lieu en 2016. Depuis, ses détracteurs lui reprochent d’avoir « défendu l’indéfendable », tandis que d’autres saluent, au contraire, ce parcours atypique. « Il est évidemment très important d’avoir les meilleurs avocats possibles dans ce domaine », pointe ainsi l’avocat suisse Alain Werner, qui a travaillé au Cambodge aux côtés de Karim Khan. « C’est uniquement comme ça qu’il peut y avoir de la crédibilité dans ces procès de justice internationale -  et j’ai beaucoup de respect pour les avocats de la défense qui font leur travail avec éthique, et qui défendent ces gens qui doivent être défendus… Car tout le monde doit être défendu ! » Pour Alain Werner, comme pour tous ceux qui ont soutenu la candidature de Karim Khan lorsqu’il a été choisi pour devenir procureur de la CPI en 2021, cette expérience acquise des deux côtés « du bien et du mal » peut même être considérée comme un atout. « Moi, je trouve ça plutôt intéressant d’avoir des gens au plus haut niveau qui comprennent, parce qu’ils ont été de ce côté-là, les dangers qu’une preuve peut avoir et toutes les complexités que les avocats utilisent et qui peuvent amener à des acquittements. À mes yeux, c’est plutôt un avantage ! »   Une stratégie audacieuse… et risquée Devenu procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan fait face désormais aux crimes perpétrés en Ukraine. Et il a fait le choix d’une stratégie audacieuse, avec ce mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Pour autant, certains y voient une manière très politique de contrer l’idée d’un Tribunal spécial pour l’Ukraine, qui permettrait de juger du « crime d’agression » perpétré par la Russie. Ce que réclament, par exemple, les autorités ukrainiennes. « Le crime d’agression est pour moi l’aspect le plus important, car sans la guerre, il n’y aura pas de crime de guerre, il n’y aura pas de crime contre l’humanité », relève l’avocat et écrivain Philippe Sands, qui a été le professeur de Karim Khan au King’s College de Londres. « Je pense qu’on a besoin d’un tribunal spécial qui pourrait d’ailleurs fonctionner en collaboration avec la CPI. Or, je crois que Karim Khan s’est prononcé contre cette idée non pas par principe, mais plutôt pour protéger le rôle de la Cour pénale internationale, ce qui est pour moi problématique. » Autre critique formulée à l’encontre du procureur de la CPI : la probabilité quasi nulle d’obtenir l’arrestation de Vladimir Poutine. Du moins, tant que le président russe est au pouvoir et qu’il n’y a pas de changement de régime dans son pays. D’un naturel pragmatique, mais aussi résolument optimiste, Karim Khan souligne toutefois que le mandat d’arrêt lancé contre le président russe n’a pas de date d’expiration. Et le procureur de la CPI ne manque pas de rappeler que, par le passé, plusieurs dirigeants qui se pensaient à l’abri de la justice internationale se sont finalement retrouvés devant les tribunaux. À l’instar de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic ou encore de l’un de ses anciens clients, Charles Taylor, finalement condamné en 2012 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. « S’il y a quelque chose que j’ai appris durant mes 17 années de carrière dans la justice pénale internationale, c’est qu’il ne faut jamais dire “jamais”, opine l’avocat Johann Soufi. “Le temps de la justice est un temps long et l’on ne sait pas ce qui va se passer d'ici à cinq, dix ou quinze ans… Aujourd’hui, il y a un dossier, il y a des preuves, et peut-être qu’à court terme il y a peu de chances que tout cela aboutisse… Mais sur le long terme, qui sait ?”
    3/25/2023
    3:31
  • Anna Skripka, conservatrice du Musée d’art de Kherson, pillé par les Russes
    Il y a neuf ans, le 18 mars 2014, la Crimée était annexée par la Russie. La péninsule ukrainienne, que Kiev espère pouvoir reconquérir par la force, abrite désormais des milliers d’œuvres d’art des musées de Kherson, la ville du Sud reprise par l’armée ukrainienne le 11 novembre. En se retirant de la ville, les forces d’occupation sont parties avec un véritable butin de guerre. Au Musée d’art de Kherson, qui possédait l’une des plus riches collections d’Ukraine, plus de 10 000 œuvres ont été volées par les occupants. La conservatrice en chef du musée, qui a vécu les huit mois d’occupation, a vu, impuissante, les chefs-d'œuvre partir sous ses yeux. Un sanctuaire de métal gris, caché au fond d’un couloir aux murs épais : dans la réserve du Musée d’art de Kherson, il ne reste plus que des rangées de panneaux grillagés entièrement vides. Seules des feuilles de carton blanches, suspendues par une ficelle au début de chaque rangée, rappellent qu’il y a peu, des centaines de tableaux étaient accrochés ici. Avant le lancement de l’invasion russe de l’Ukraine à grande échelle, le musée devait subir d’importants travaux de rénovation. Une partie de la collection avait donc été descendue dans la réserve. « Les tableaux étaient accrochés sur ces grilles, des deux côtés », raconte Anna Skripka, ponctuant son discours de soupirs. « Il y avait des œuvres de peintres anglais, allemands, hollandais des XVI et XVIIe siècles, mais aussi des peintres locaux. Ces œuvres ont été les toutes premières proies des conquérants russes », dit la conservatrice en chef du musée, 51 ans, ancienne enseignante d’histoire, qui avait pris son poste quelques mois seulement avant que les forces russes n’occupent la ville, à partir du début du mois de mars 2022. Avant la guerre, la collection comptait quelque 14 000 pièces. ► À lire aussi : Après la reprise de Kherson, « c’est le moment pour chacun de mesurer l’état de ses forces » Pendant l’été, une nouvelle directrice du musée est imposée par les forces d’occupation russes, Natalia Desiatova, plus connue à Kherson comme chanteuse du café du théâtre. Anna Skripka décide de rester à son poste, avec l’aval des autorités ukrainiennes, souligne-t-elle, pour « être auprès de sa collection, voir ce qu’ils en faisaient ». Mais lorsque les Russes annoncent une évacuation générale vers la rive gauche du Dniepr, en octobre, sous la pression de la contre-offensive ukrainienne, elle est priée de ne plus venir travailler. Habitant tout près du musée, deux fois par jour, elle fait le tour de l’établissement pour essayer de comprendre ce qui s’y trame. Le 1er novembre, elle est de nouveau convoquée au musée et y découvre des dizaines de personnes, dont « deux Tchétchènes armés ». « La directrice m’a dit que le ministère russe de la Culture avait envoyé ces personnes pour contrôler le processus de déménagement », se souvient-elle. « À ce moment-là, j’ai voulu faire marche arrière, repartir pour ne pas participer à cela, mais on m’a fait comprendre que ça n’était pas possible, je n’avais plus le choix. On m’a demandé de dire où se trouvaient les œuvres les plus précieuses ». Anna Skripka est aussi conduite devant le coffre-fort et sommée de l’ouvrir. « Ils m’ont dit qu’ils savaient ce qu’il contenait. Il faut dire que nous avions des traîtres à l’intérieur du musée, ce qui leur a facilité la tâche ».  « C’était comme s’ils dépeçaient mon âme » Contrainte et forcée, Anna Skripka s’installe à son ordinateur pour consigner l’évacuation. Jamais seule, elle n’a pas pu garder de copie de l’inventaire. Les Russes ont emporté le disque dur, mais la conservatrice se souvient d’un chiffre : 10 400 pièces ont, selon elle, été emmenées. « Avec chaque tableau emporté, c’était comme s’ils dépeçaient mon âme, morceau par morceau », se désole-t-elle. À la hâte, souvent sans prendre de précautions, des dizaines de personnes chargent une multitude de peintures, gravures, dessins, porcelaines et icônes précieuses dans des véhicules. Anna assiste, impuissante, à ce ballet avec le sentiment de voir disparaître la culture de sa ville dont l’histoire remonte bien au-delà du XVIIIe siècle, lorsque le prince Potemkine, le favori de Catherine II, avait fondé une colonie de peuplement russe. Pour la conservatrice du musée de Kherson, cette spoliation est le signe que « les Russes veulent s'approprier quelque chose qui ne leur appartient pas et ils réécrivent l'histoire au point de la transformer complètement ». ► À lire aussi : en Ukraine, dans la ville de Kherson, « il ne reste quasiment plus rien »  « Ces terres ont été habitées par les Scythes et par des Cosaques ukrainiens », commente Anna Skripka, « dire que tout a commencé avec le prince Potemkine, c'est déformer l'histoire. Ils veulent nous priver des dernières preuves de notre propre histoire, de sorte que nous ne puissions pas dire que nous sommes un peuple distinct, une famille différente, qui a son propre passé, qui, à un moment, certes, s’est imbriqué à celui de la Russie ». Dans le musée vide, l’employée du musée ne désespère pas de faire revenir un jour la collection qui représentait « un joyau pour la ville ».    L’établissement culturel a saisi les tribunaux internationaux, plusieurs enquêtes pour vol ont été ouvertes. Dans son sous-sol, Anna Skripka travaille à recenser les quelque 2 500 œuvres restantes et à les mettre en lieu sûr. À l’extérieur, les déflagrations régulières, rappellent qu’aucun bâtiment de Kherson n’est à l’abri des tirs.
    3/19/2023
    3:32
  • Kemal Kiliçdaroglu, le «Gandhi turc» face à Erdogan
    L’opposition turque a failli se déchirer au dernier moment, mais elle a finalement réussi à s’entendre sur un candidat unique pour affronter l’inamovible président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors des élections qui auront lieu le 14 mai. Cet homme se nomme Kemal Kiliçdaroglu c’est le chef du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l’opposition. Un profil discret, à l’opposé du caractère volcanique du président sortant. Les traits sont tirés, mais ils expriment à la fois l’espoir et le soulagement. En cette soirée du 6 mars, le chef du CHP, le Parti républicain du peuple, est désigné candidat à l’élection présidentielle. Plus de dix ans après avoir pris la tête du vieux parti kemaliste, Kemal Kiliçdaroglu a réussi son pari : unir sous son nom l’ensemble de l’opposition turque, de la gauche à la droite nationaliste, pour tenter de faire chuter Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir en Turquie depuis maintenant deux décennies. De fait, avec ses petites lunettes rondes et sa fine moustache, Kemal Kiliçdaroglu offre un contraste saisissant avec le président sortant et son caractère volcanique. « Il est issu d'une famille populaire d'un village de montagne de la région de Dersim, dans l’est du pays, raconte le politologue turc Ahmet Incel. Recep Tayyip Erdogan se réclame tout le temps de ses origines populaires, mais celles de Kemal Kiliçdaroglu ne le sont pas moins. C'est le pur produit de l'élitisme républicain. Il a été dans la trajectoire des écoles publiques, pas celle des écoles coraniques comme Erdogan. » Haut fonctionnaire, il gravit tous les échelons de la fonction publique pour diriger la tentaculaire Sécurité sociale turque – avant de devenir député au début des années 2000, puis de s’emparer de la tête du CHP en 2010. « Un autre élément crucial, c’est que sa famille représente la classe moyenne typique, ajoute Ahmet Incel. Sa femme a travaillé, ses enfants sont allés à l’université. Personne autour de lui n’est impliqué dans des affaires de construction ou de marchés publics. Et ça, c'est quelque chose qui est un atout, qu'il peut le servir beaucoup, en termes de crédibilité, d’alternative propre. » L’antithèse d’Erdogan Pour rallier les principales forces de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu a adopté un seul mot d’ordre : en finir avec la dérive autocratique de Recep Tayyip Erdogan. Le candidat se positionne comme l’antithèse parfaite du président sortant. Avec son programme – il veut rétablir les fondements de l’État de droit. Mais aussi avec son style, empreint de respect et de dialogue. « Depuis déjà fort longtemps, Kemal Kiliçdaroglu a utilisé un slogan qui ne nous est pas tout à fait étranger, à nous les Français, celui de la force tranquille », relève Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques. « Contrairement aux foucades, à l'agressivité, au ton souvent belliqueux de Recep Tayyip Erdogan, il veut apparaître comme quelqu'un de calme. La société turque est dans une situation de polarisation qui a été voulue par Erdogan depuis très longtemps. Or, justement, Kemal Kiliçdaroglu apparaît comme un élément temporisateur. Il veut calmer le jeu. » Peu féru de coups d’éclat, le champion de l’opposition turque s’est tout de même illustré par une « marche de la paix » remarquée en 2017 : reliant Anakara et Istanbul à pied pour dénoncer l’incarcération d’un député d’opposition, il hérite du surnom de « Gandhi turc » et d’une réputation de détermination et de fermeté qui l’ont imposé comme une figure incontournable en Turquie. Manque de charisme et sens du dialogue Au sein de l’opposition, certains lui reprochent son manque de charisme et des discours parfois un peu ternes, mais tous lui reconnaissent son sens du compromis – ce qui lui a permis d’ailleurs d’élargir la base nationaliste et ultra-laïque de son parti, le CHP. « On sait que le Parti républicain du peuple était un parti très laïciste, avec une vision très figée, très dogmatique de la laïcité, pointe Didier Billion. Or, de façon très graduelle, sans faire de vagues, il a réussi à modifier la conception de la laïcité au sein de son parti. Par exemple sur la question du port du voile : Kemal Kiliçdaroglu a proposé il y a quelques mois une loi pour garantir le droit de porter le foulard - ce qui était inimaginable au sein du CHP, il y a une vingtaine d'années. Il a réussi à faire évoluer la ligne de ce parti, ce qui lui a ensuite permis de parvenir à ce programme commun et à cette candidature commune de l’opposition. » Autre atout pour Kemal Kiliçdaroglu : la décision du parti pro-kurde HDP de ne pas présenter de candidat lors de la présidentielle du 14 mai. L’électorat kurde, qui pèse près de 15% des voix, pourrait jouer un rôle crucial lors du scrutin – et peser lourdement en faveur du candidat de l’opposition. ► À lire aussi : En Turquie, lancement de la campagne électorale des législatives et de la présidentielle
    3/11/2023
    3:26
  • Elly Schlein, l’anti-Meloni et nouvelle figure de la gauche italienne
    Âgée de 37 ans, bisexuelle assumée, Elly Schlein a remporté dimanche dernier les primaires du Parti démocrate italien. Elle est désormais amenée à remettre sur les rails une gauche italienne en crise identitaire depuis des années et pourrait bien faire de l’ombre à la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, d’extrême droite, qui représente tout son opposé. On la présente souvent comme l’anti-Meloni, comme l’avait écrit en 2022 le magazine américain Vanity Fair. Elly Schlein a su s’imposer à la tête du Parti démocrate face à un ténor de cette formation politique grâce aux votes des sympathisants. Née à Lugano en Suisse, à la frontière avec l’Italie, d’un père américain et d’une mère italienne, le nouveau visage de la gauche italienne détonne dans le panorama politique italien. C’est en tout cas l’avis de Giuseppe Bettoni. « Elly Schlein est un personnage qui sort vraiment d'une manière soudaine dans le paysage politique italien, estime ce professeur de géopolitique à l’université Tor Vergata de Rome et à l’université Jean-Jaurès de Toulouse. C'est quelqu'un qui a toujours été sensible au côté social, politique, etc. sans faire le parcours classique des autres personnages. Et c'est une grande nouveauté qui avait attiré les Italiens par cette figure. Donc, c'est un profil qu'on n’imaginerait pas ». ► À lire aussi : Italie: soigner les blessures des migrations Un engagement en politique avec Barack Obama Très engagée socialement, mais aussi politiquement dès son plus jeune âge, Elly Schlein s’est lancée en politique à l’étranger. « Elle a fait ses premières armes véritablement en politique à Chicago aux États-Unis, dans le cadre des campagnes pour les primaires démocrates en 2008 en faveur de Barack Obama, détaille Hervé Rayner, spécialiste de l’Italie contemporaine et professeur à l’Institut d’études politique de l’université de Lausanne. Elle remet ça en 2012 pour la réélection du président sortant Obama ». De retour en Italie, elle devient membre du Parti démocrate avant de le quitter, ne le jugeant pas suffisamment à gauche. Élue en 2014 députée européenne, elle continue de graviter autour de cette formation politique en perte de vitesse. Nommée vice-présidente de la région d’Emilie-Romagne en 2020 par Stefano Bonaccini, son adversaire lors de la primaire du Parti démocrate italien qu’elle vient de remporter, Elly Schlein commence alors son ascension et se fait connaître des électeurs italiens, notamment en déclarant sa bisexualité lors d’une émission télévisée. Une orientation qu’elle dit assumer pleinement, tout comme son positionnement en faveur des migrants. ► À écouter aussi : Le changement de genre doit-il être un droit? À la tête d’un parti en crise identitaire Élue députée en septembre dernier, elle se positionne ensuite pour prendre les rênes du Parti démocrate. Un parti qui doit retrouver son identité. « C’est un parti qui est encore à la recherche de son projet, de comprendre vers quoi se battre, estime Giuseppe Bettoni. Il y a une fracture déjà aujourd’hui qu’elle devra réconcilier. Rappelons-le : les cellules du Parti démocrate avaient une préférence pour Stefano Bonaccini, alors que les primaires – c’est-à-dire les élections où la base peut voter, plus les gens qui ne sont pas inscrits au Parti démocrate – ont clairement donné Elly Schlein secrétaire. Cela veut dire qu’il y a une fracture. » Désormais à la tête de cette formation, Elly Schlein va certainement lui donner une orientation plus à gauche, ce qui a déjà provoqué le départ de certains membres du parti. Mais ce virage est également attendu par nombre d’électeurs italiens. « Certains parlent d’un rebond de l’intérêt, de nouvelles inscriptions au parti dans le sillage de ces primaires, indique encore Hervé Rayner. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a beaucoup d’atouts pour incarner la nouveauté. Elle est la première femme à la tête de ce parti. Sa jeunesse – 37 ans – la rapproche aussi de Giorgia Meloni. Il y a aussi le fait qu’elle vienne de la base étudiante "mouvementiste" du parti. Ça change beaucoup des secrétaires assez âgés ou alors positionnés au centre. En cela, c’est en quelque sorte un tournant. » Elly Schlein, l’anti-Meloni, bisexuelle, pro-migrants, en faveur des droits de la communauté LGBT+, va devoir s’atteler à la tâche tout de suite, car des élections européennes se profilent. Celles-ci pourraient bien confirmer son statut de leader de la gauche dans la classe politique italienne ou alors y mettre un terme si le Parti démocrate ne franchit pas la barre des 20% des suffrages. Même si, selon Giuseppe Bettoni, celui-ci n’a aucun intérêt à écarter la nouvelle égérie de la gauche. ► À lire aussi : Italie: la droite remporte la Lombardie et le Latium malgré une forte abstention
    3/4/2023
    3:31
  • Maria Lvova Belova, sauveuse ou visage angélique d’un trafic d'enfants?
    Au nom du sauvetage des orphelins ukrainiens, Maria Lvova Belova, commissaire aux Droits de l’enfant de la Fédération de Russie depuis 2021, est la cheville ouvrière d’une politique de transfert d’enfants ukrainiens vers la Russie. Une pratique qui relève du crime de guerre selon le droit international. Entourée d’enfants de tous âges Maria Lvova Belova descend d’avion. Dans le hall de l’aéroport, ces orphelins d’Ukraine sont accueillis avec profusion de ballons géants et grands sourires. Cette vidéo est l’une des centaines que l’on trouve sur internet et notamment la chaîne Telegram de la Commissaire aux droits de l’enfant. En pique-nique dans un parc, devant un atelier de graffiti urbain, avec des enfants à l’hôpital, Maria Lvova Belova soigne sa communication.  38 ans, un visage de madone renaissance et une allure soignée, cette ancienne professeure de guitare mariée à un pope, est une fervente chrétienne. Elle a une famille de 23 enfants dont cinq biologiques, les autres étant adoptées ou sous tutelle. « Cela en fait une figure très symbolique », explique Galia Ackerman, historienne directrice du site Desk Russie, « celle d’une femme modeste que l’on voit souvent couverte d’un fichu comme les croyantes orthodoxes, qui prône donc les valeurs de la famille, de la charité, mais derrière cette façade se cache une réalité probablement moins rose ». Plusieurs organisations ont documenté des transferts forcés de population de l’Ukraine vers la Russie, dont ceux d’enfants dans le but de les faire adopter, en violation de plusieurs conventions juridiques internationales. En novembre dernier, Amnesty International présentait des recherches indiquant que des enfants séparés de leurs familles avaient des difficultés à quitter le territoire russe. ► À lire aussi : Guerre en Ukraine : « Tout déplacement forcé est contraire au droit international » Des prises en charge dans des centres spécialisés pour y suivre des « programmes d’intégration » Le laboratoire de recherche humanitaire de l’Université américaine de Yale, qui a publié le 14 février le rapport le plus exhaustif jusqu’à présent sur le sujet, a documenté plus de 6 000 cas d’enfants de 4 mois à 17 ans qui ont été déplacés en Russie ou en Crimée. Ce chiffre est selon les chercheurs largement inférieur à la réalité. Une fois emmené sur le territoire de Russie les enfants sont soit placés en famille soit, dans un premier temps, pris en charge dans des centres spécialisés pour y suivre des « programmes d’intégration ». L’équipe de Yale, qui a travaillé à partir de sources ouvertes, dénombre 43 centres de ce type en Crimée et en Russie.  Proche de Vladimir Poutine, Maria Lvova Belova incarne cette politique. « Elle prétend sauver les enfants pour les placer, dans des foyers, les faire adopter. On leur donne immédiatement un passeport russe, parfois, on change leur nom ou leur date de naissance, de sorte que ces enfants deviennent introuvables. Par ailleurs, certains témoignages font état d’enfants placés dans des familles puis envoyés sans explication dans un orphelinat », affirme Galia Ackerman. ► À écouter aussi : Orphelins et civils ukrainiens, conscrits russes : les victimes de l’ombre de la guerre en Ukraine En mars 2022, dans un entretien diffusé sur les réseaux sociaux, Maria Lvova Belova évoquait avec Vladimir Poutine l’arrivée d’une centaine d’orphelins du Donbass. Les délais et procédures d’adoption temporaire étaient plus contraignants quand les enfants n’avaient pas la nationalité russe, expliquait-elle alors. Deux mois plus tard, la loi était modifiée pour accélérer les procédures de naturalisation. De nombreux cas de familles ukrainiennes qui cherchent leurs enfants emmenés en Russie sont rapportés par les ONG et les chercheurs. Le gouvernement ukrainien lui-même réclame leur retour. Iryna Vereshchuk, la vice-Première ministre, a annoncé en avoir fait revenir 52. Mais aux demandes insistantes de Kiev, Maria Lvova Belova explique que ces enfants « aiment la Russie à présent, et n’ont pas envie de retourner chez leurs parents ». Jannine di Giovanni dirige The Reckoning Project, une association américaine de journalistes et de juristes qui documentent les crimes de guerre pour les présenter à la justice. Elle a travaillé sur la région de Marioupol. « Là, comme dans tout le Donbass, les transferts d’enfants se font de deux façons », explique-t-elle. « Quand les parents passent par des camps de filtration, il y a parfois des bus qui emmènent les enfants, ils sont conduits de l’autre côté de la frontière jusqu’à Rostov par exemple et prennent l’avion pour Moscou ou d’autres villes. Mais il s’agit aussi souvent d’enfants placés en institutions. Ces institutions, héritage de la période soviétique, sont nombreuses dans le pays. Elles accueillent parfois des enfants de parents en difficulté de façon temporaire. Quand Marioupol est tombée, ces institutions ont été ouvertes et les enfants emmenés. Certains sont orphelins, mais beaucoup ne le sont pas. Leurs parents sont vivants, mais avec la guerre il y a tellement de déplacés internes qu’on ne sait pas où ils sont. »  Une assimilation forcée, selon The Reckoning Project Maria Lvova Belova n’est pas seulement l’artisan de cette politique de déplacements, elle a elle-même adopté l’un de ces enfants, un adolescent de 15 ans, trouvé, dit-elle, avec une trentaine d’autres dans un sous-sol de Marioupol. Sur une vidéo de son compte Telegram, elle explique qu’au début, lui et ses camarades « parlaient mal du président russe et chantaient l’hymne de l’Ukraine », mais qu’à présent elle « voit sous [ses] yeux comment cette intégration commence à se faire ». The Reckoning Project dénonce une assimilation forcée, Galia Ackerman estime qu’on efface leur identité : « L’adoption des enfants, c'est quelque chose qui sonne toujours très noble. Mais on sait qu’il existe des camps de rééducation. Car si avec les petits, c’est facile, les enfants en âge scolaire ont déjà une identité formée. Ils ont commencé à apprendre l’histoire de l’Ukraine, le folklore populaire, connaissent les chansons… Et là, brutalement, on leur arrache tout ce qu’ils ont su jusqu’à présent pour leur inculquer une autre histoire, une autre culture ». Maria Lvova Belova souhaite à présent installer des « structures socio-éducatives » spécifiquement adaptées aux adolescents sur le territoire ukrainien, dans les territoires annexés.  Aujourd’hui sous les projecteurs en raison de la guerre, Maria Lvova Belova a connu une ascension rapide avant d’être nommée la Commissaire aux droits de l’enfant en 2021. Co-fondatrice d’une organisation caritative en 2008, membre de la Chambre des droits civiques, elle a été vice-présidente du Front populaire panrusse à Penza, sa ville d’origine en 2019. Elle rejoint Russie unie la même année et devient sénatrice du parti en septembre 2020. Placée sous sanctions par les Occidentaux, elle est accusée par de nombreuses organisations internationales d’être responsable de crime de guerre.
    2/25/2023
    3:31

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